

Retraite en suisse : Tout ce qu’il faut savoir
Retrouver mes avoirs gratuitementPour offrir une sécurité financière optimale aux retraités, la Suisse a mis en place un système de prévoyance solide et efficace. Les assurances sociales garantissent déjà une bonne protection, mais d’autres prestations complémentaires et aide sociale sont également organisés pour prévenir la diminution de revenus et l’appauvrissement au moment de la retraite en Suisse.
Si vous souhaitez vous informer pour mieux comprendre les spécificités de la retraite en Suisse, découvrez les trois piliers qui le composent. Découvrez les conséquences d’un départ anticipé ou d’un ajournement de votre retraite. Quels sont les impacts sur votre rente ?
Prenez également le temps d’étudier combien faut-il à un retraité pour bien vivre en Suisse. Est-ce qu’une retraite anticipée va considérablement réduire le montant de votre retraite ? Quelle est l’option recommandée pour le deuxième pilier : une prestation en rente ou en capital ? Si vous êtes frontalier, vous pouvez également vous informer sur les spécificités de votre cas.
Prendre sa retraite en Suisse à l’âge ordinaire
Suite à la réforme de 2021, à compter du 1er janvier 2024, l’âge légal de départ à la retraite a commencé à augmenter progressivement de trois trimestres par an pour les femmes nées de 1961 à 1964 jusqu’à atteindre 65 ans pour tous les salariés, hommes ou femmes. Rappelons que pour les femmes nées jusqu’en 1960, l’âge de départ était de 64 ans. Pour bénéficier de l’AVS (Assurance Vieillesse et Survivant), chaque assuré doit travailler en Suisse et verser des cotisations de retraite AVS/AI pendant une durée minimum de 12 mois.
La rente AVS
La rente AVS a été créée pour couvrir partiellement la perte de revenu lorsque le salarié est contraint de cesser son activité professionnelle à cause d’un départ en retraite, d’une invalidité ou d’un décès.
Tous les salariés qui travaillent en Suisse sont tenus de cotiser à l’AVS/AI dès le 1er janvier qui suit leur 17e anniversaire. Les cotisations sont prises en charge à parts égales par l’employeur et l’employé. La part du salarié est directement prélevé sur son salaire.
L’AVS permet au salarié de percevoir une rente vieillesse lorsqu’il part à la retraite s’il remplit certaines conditions. Il peut également prétendre à une rente invalidité sous certaines conditions. Le conjoint survivant et les enfants mineurs ou ceux qui suivent une formation peuvent aussi toucher une rente survivant en cas de décès de l’assuré.
La rente AVS à l’âge de la retraite
En règle générale, un homme qui effectue une carrière complète a cotisé pendant 44 ans. Pour les femmes, la durée de cotisation varie de 43 ans à 44 ans, en fonction de son année de naissance. En effet, avec la réforme de 2021, l’âge de départ légal augmente d’un trimestre par an pour les femmes pour s’aligner avec celui des hommes en 2028.
Estimation de la rente AVS
La rente AVS versée à l’âge de la retraite varie en fonction de la durée de cotisation, du revenu moyen annuel, des périodes de lacunes et des bonifications pour tâches éducatives ou d’assistance.
En 2020, le montant de la rente AVS complète est comprise entre 1 185 CHF et 2 370 CHF par mois. Sauf dans certains cas particuliers, pour les salariés mariés le montant total des rentes perçus ne doit pas dépasser 150 % de la rente la plus élevée (environ 3 555 CHF en 2020). Si le montant des deux rentes additionnées dépasse ce seuil, chacune d’entre elle sera réduite de sorte que le total n’excède pas la rente maximale autorisée.
Prestations complémentaires
Les prestations complémentaires sont accordées lorsque les rentes AVS/AI ainsi que les autres revenus des assurés ne suffisent pas pour couvrir leurs besoins vitaux. Il faut noter que l’AVS, l’AI et les prestations complémentaires constituent la base essentielle de la Sécurité sociale en Suisse. Ce sont les cantons qui versent les prestations complémentaires et elles sont catégorisées en prestation complémentaire annuelle et en remboursement des frais de maladie et d’invalidité.
Les moyens auxiliaires en faveur des rentiers AVS
Les bénéficiaires de la rente AVS ou des prestations complémentaires qui résident en Suisse ont droit à des moyens auxiliaires. Ces moyens auxiliaires sont fournis pour développer l’autonomie personnelle des assurés et pour les aider à établir des contacts sociaux.
Les moyens auxiliaires sont des appareils externes et amovibles tels qu’un fauteuil roulant manuel, une chaussure orthopédique, un appareil auditif, épithèses faciales, appareil acoustiques, télé-loupes, etc.
La vieillesse peut être à l’origine de handicaps dont les conséquences peuvent être atténués ou supprimés par les moyens auxiliaires accordés. Ce sont les caisses de compensation et la Fondation Pro Senectute qui remettent les moyens auxiliaires ou qui versent les contributions correspondantes.
La rente LPP
La rente LPP ou prévoyance Professionnelle correspond au 2ème pilier de la retraite en Suisse. Il s’agit d’un système de retraite par capitalisation, souscrit à titre privée pour compléter l’AVS ou le 1er pilier.
Le capital constitué, appelé « Prestation de libre passage » est administré par les caisses de pension, également chargées de la gestion des capitaux. Il faut comprendre que ce sont des droits nominatifs qui vont suivre chaque assuré au cours de leur carrière professionnelle.
Le 2ème pilier doit être un critère déterminant dans le choix d’un employeur. En effet, son efficacité varie énormément en fonction de divers critères. En règle générale, l’AVS/AI et la caisse de pension, devraient garantir de 60 % à 75 % du dernier revenu brut, une fois que le salarié part à la retraite.
La législation en vigueur prévoit un taux minimal obligatoire que l’employé et l’employeur prennent en charge à part égale. La part de l’employé est directement prélevée sur son salaire. Le montant de l’assurance Prévoyance Professionnelle qu’il faut payer tous les mois est calculé à partir d’un taux de cotisation fixé par la caisse de pension en charge de la gestion des fonds. Il faut savoir que ce taux est plus important chez certaines entreprises dans lesquelles la part de l’employée correspond au minimum prévu par la loi. L’entreprise va payer une part plus élevée pour améliorer la retraite du salarié.
La loi fédérale fixe les taux de cotisation LPP minimum à :
- 7 % pour les assurés âgés de 25 ans à 34 ans ;
- 10 % pour ceux âgés de 35 ans à 44 ans ;
- 15 % pour les cotisants de 45 ans à 54 ans ;
- 18 % pour les assurés de 55 ans à 64 ans.
Rappelons que le système de prévoyance professionnelle suisse permet aux assurés de toucher une rente vieillesse pour leur retraite s’ils remplissent une certaines conditions. En cas d’invalidité, ils peuvent aussi toucher une rente. Si l’assuré décède, son conjoint et ses enfants mineurs ou majeurs qui suivent une formation, peuvent prétendre à une rente survivant.
Les prestations de 3eme pilier
Le 3ème pilier est une prévoyance facultative qui permet d’améliorer encore le pouvoir d’achat des assurés à travers une retraite complémentaire privée. L’assuré peut choisir entre un 3ème pilier A et un 3ème pilier B. Ce sont des produits bancaires ou des produits d’assurance que chaque assuré peut souscrire auprès d’un établissement bancaire ou d’une compagnie d’assurance. Grâce à cette prévoyance, la pension de retraite peut s’élever à 80 % ou 100 % du dernier salaire brut. Il faut cependant noter que certains assurés, comme les frontaliers ou les résidents en Suisse, ne peuvent pas souscrire un 3ème pilier.
Imposition de votre rente de vieillesse
Les rentes du 2ème pilier et du 3ème pilier A perçues à la retraite, en cas d’invalidité ou de décès doivent être déclarées au même titre que les salaires. Ces revenus sont intégralement imposables. La rente pour enfant doit également faire l’objet d’une déclaration d’impôts.
Que faire si vous voulez anticiper votre retraite ?
Selon les statistiques, près de 50 % des travailleurs en Suisse ont exprimé le désir de prendre une retraite anticipée. Cependant, avec les problématiques majeures relatives au financement des années restantes et la coordination des 3 piliers, la plupart des salariés préfèrent attendre l’âge de départ légal.
En général, les caisses de pension permettent un versement anticipé de rentes de vieillesse à partir de 58 ans ou de 60 ans. La rente AVS n’est accordée qu’à partir de 63 ans. Pour les femmes nées entre 1961 et 1969, concernées par la réforme de 2021 qui relèvent progressivement leur âge de départ à la retraite de 64 ans à 65 ans, des dispositions spéciales sont proposées. Cette génération transitoire peut choisir entre les deux options suivantes :
- Toucher la rente AVS de manière anticipée et bénéficier d’une réduction plus faible de la rente ;
- repousser l’âge de départ à la retraite et bénéficier d’un supplément de rente AVS à vie.
Demander votre rente AVS de manière anticipée (1er pilier)
Lorsque vous anticipez votre demande de rente AVS, la rente versée sera réduite à vie. Par exemple, si vous partez deux ans avant l’âge légal de départ prévu, votre rente AVS va être réduite de 13,6 %. Si l’anticipation est d’une année, la réduction sera de 6,8 %.
Ainsi, la retraite anticipée n’est recommandée qu’aux assurés dont le décès surviendra tôt. Il faut également comprendre que les cotisations AVS qu’il faut continuer à verser en tant que préretraité vont augmenter.
Plusieurs caisses de pension accordent une rente transitoire aux assurés qui souhaitent partir en retraite anticipée afin qu’ils ne perçoivent pas leur rente AVS de manière anticipée. Cette rente n’est intéressante que pour les assurés dont l’employeur a participé au financement ou lorsque leur espérance de vie et considérablement réduite. En général, les préretraités sont tenus de cotiser eux-mêmes pour leur rente transitoire. Les rentes sont déduites de l’avoir qu’ils épargnent auprès de leur caisse de pension.
Les lacunes de revenu peuvent être comblées entre le départ anticipé et l’âge légal de départ à la retraite en mobilisant soit les économies personnelles, soit en utilisant les avoirs du pilier 3a ou encore les avoirs de libre passage, qu’il est possible de retirer jusqu’à 5 ans avant l’âge de départ en retraite AVS. Si les avoirs d’assurances-vie arrivent à échéance au cours de la période de retraite anticipée, ils peuvent être utilisés pour combler le déficit. L’augmentation de l’hypothèque peut également être envisagée, cependant de nombreux établissements financiers refusent cette alternative aux emprunteurs âgés à cause d’une capacité financière insuffisante.
Demander votre rente LPP de manière anticipée (2e pilier)
En principe, la demande anticipée d’une rente LPP n’est pas permise. Quoi qu’il en soit, il y a des exceptions. En effet, les certains organismes financiers permettent aux assurés de partir à la retraite dès 58 ans. Pour en savoir plus, il faut faire une demande de renseignement écrite à la caisse de pension, au moins 12 mois avant la date de départ souhaitée.
Demander les prestations du 3e pilier de manière anticipée
Les prestations accordées vont dépendre du type de contrat signé avec l’organisme financier de votre choix. Pour en savoir plus sur le montant de la rente personnelle, il faut s’adresser directement au responsable de l’établissement. La prévoyance privée peut être versée 5 ans avant l’âge de la retraite. Pour en bénéficier, il faut adresser une demande au responsable de l’établissement quelques mois avant la date de départ souhaitée.
Que faire si vous voulez ajourner votre retraite ?
L’ajournement de la retraite consiste à continuer à travailler au-delà de l’âge légal de départ. Avant de s’engager, il est vivement recommandé de bien s’informer sur les différentes conditions à remplir et les modalités.
Du côté de la rente AVS (1er pilier)
Lorsque le salarié souhaite continuer ses activités professionnelles au-delà de l’âge légal de départ, il a le droit de reporter sa date de départ entre un et cinq ans après. L’ajournement permet à l’assuré qui travaille à plein temps d’économiser leur prévoyance.
Il est également possible de continuer à travailler en percevant une rente AVS, en particulier si le salarié décide de travailler à temps partiel pour toucher un complément de revenu. La demande doit être faite quelques mois avant l’âge de départ légal. Lorsque vous effectuez cette démarche, vous gagnez jusqu’à 10 % sur le montant total des rentes que vous percevez.
Du côté de la rente LPP (2e pilier)
Il est possible de demander l’ajournement du versement de la rente LPP : il faut déposer cette demande plusieurs mois avant d’atteindre l’âge légal de départ à la retraite. Certaines caisses de pensions acceptent de reporter la date de départ jusqu’à l’âge de 70 ans.
Du côté de votre prestation de 3ème pilier
Vous devez bien examiner votre contrat pour connaître les conditions de liquidation. Il est ainsi recommandé de s’adresser au responsable de l’organisme financier pour vous renseigner sur les conditions, en fonction de votre situation.
Vous pouvez obtenir la rente en une seule fois, au même moment que la rente AVS. En cas de demande d’ajournement, l’établissement financier va vous demander une preuve que vous continuez toujours à travailler.
De combien d’argent un retraité a-t-il besoin en Suisse ?
La retraite est une nouvelle page de votre vie que vous pouvez enrichir en multipliant les activités ou en vous consacrant à une passion bien définie. Le montant de la pension qu’il vous faut pour bien vivre votre retraite en Suisse va dépendre de vos projets et des divertissements qui vous intéressent.
Rappelons que le départ à la retraite entraine toujours une baisse de revenus. L’AVS et la caisse de pension (LPP) vous assurent au moins 60 % de votre dernier salaire. En rajoutant une prévoyance privée, vous pouvez espérer 80 % du revenu régulier pour mieux vivre votre retraite.
Quels que soient vos objectifs à la retraite, il convient de faire une planification adaptée pour mieux préparer cette période et profiter de chaque instant. N’hésitez pas à demander l’accompagnement d’un professionnel pour mieux estimer votre rente AVS en vue de combler les lacunes et de mieux préparer votre départ en retraite.
Combien coûte une retraite anticipée ?
Rappelons qu’un départ à la retraite de manière anticipée vous coûte en moyenne -6,8 % par année d’anticipation. Cependant, le coût exact varie en fonction du profil et de la carrière professionnelle de l’assuré. Il convient ainsi de faire une planification financière précise pour connaître la perte financière qui peut découler d’une demande de retraite anticipée en Suisse.
Deuxième pilier : rente ou capital ?
Le choix d’une rente ou d’un capital va dépendre de chaque cas. Il est toujours possible de combiner les deux formules. En optant pour une rente, vous bénéficiez d’un revenu stable à vie. Cependant, la rente va se déprécier au fil des années parce que la plupart des caisses de pension ne prévoient pas de compensation contre l’inflation.
Lorsque l’assuré décide de débloquer sa pension sous la forme d’un capital, il bénéficie d’une exonération d’impôt. En effet, le capital n’est imposé qu’une seule fois, alors que la rente doit être intégrée dans la déclaration annuelle de revenu. Si l’aspect fiscal du versement en capital semble très intéressant, il ne doit pas être le seul motif qui vous pousse à choisir un déblocage en capital.
Que vous optiez pour une rente ou un capital, il faut comprendre que cette décision est définitive et va influer sur votre niveau de vie à la retraite. Une bonne préparation s’impose et une analyse approfondie devrait vous permettre de bien évaluer les conséquences de votre choix avant de vous engager.
Le cas particulier de la retraite pour les frontaliers
Le frontalier qui travaille entre la France et la Suisse peut se poser plusieurs questions sur le déblocage de sa retraite. Cette question concerne surtout les travailleurs qui vivent dans la région Rhône-Alpes et qui travaille en Suisse.
Chaque État va s’acquitter de la part de retraite qui le concerne. Ainsi, si l’assuré a travaillé aussi bien en France qu’en Suisse, il va toucher deux rentes bien distinctes. Il faut noter qu’il faut avoir exercé une activité pendant au moins 12 mois en Suisse pour y percevoir une pension.
Prenez le temps de vous informer sur le système de retraite suisse afin d’en retirer tous les bénéfices. Quelle que soit votre situation, il est conseillé d’entreprendre les démarches plusieurs mois avant la date de départ à la retraite.